• Album photos du cadre: http://www.blogg.org/blog-37695-album-19848.html
    Album photo du raid:  http://www.blogg.org/blog-37695-album-19849.html

    Jour 1 :
    Aussi irrationnel que cela puisse paraitre, je reprends la numérotation à compter de l'arrivée sur l'Ile de Nossi Be du reste du Club des 5, à savoir Chantal et Philippe, Alain et Gaël. Sans vouloir manquer de respect aux autre participants du raid (que je ne connais pas encore à ce moment l), ces 4 là constituent une condition nécessaire et suffisante pour qu'il y ait raid. (Ca changera par la suite mais je ne le sais pas encore à ce oment là.) Le raid n'est ni une question de bivouac ni de navigation, c'est avant tout une ambiance et un état d'esprit.
    Les retrouvailles sont bordéliques et euphoriques. Je suis postée à coté d'un grand type habillé en orange fluo et qui arbore un superbe panneau avec les noms de famille des 4 mousquetaires mais c'est quand même moi que ces derniers repèrent immédiatement. Ce qui flatte mon égo et détruit celui de mon camarade malgache. En représailles, il nous sépare le temps du transfert vers le Chanty Beach, à 40 minutes de voiture de l'aéroport. Gaël, Alain et moi sommes affectés dans un véhicule et Chantal et Philippe dans un autre. Le temps d'un stop au milieu des champs de Ylang Ylang, nous sommes à nouveau réunis, pour de bon ce coup-ci.
    En dépit de la fatigue généralisée et évidente, la traversée vers Nossi Sakatia se fait dans un joyeux chahut, un peu inquiet malgré tout car nous ne sommes pas très surs que notre capitaine soit en train de nous emmener à bon port. Il a été copieusement enduit avec plein d'erreur par certains d'entre nous et le risque de nous retrouver au mauvais hôtel n'est pas nul. C'est au port altier et l'élégance légendaire de Marco qui nous attend sur la plage que nous comprenons avec soulagement que nous sommes bien sur la bonne voie. Je lis une certaine inquiétude dans son regard. S'il nous reconnait bien, sa réaction tient plus du « ouh j'avais oublié que c'était une bande de bras cassés » que du « chouette, j'ai une équipe de pros ».
    Nous affrontons la première épreuve d'immunité de notre Koh Lanta personnel : le cocktail d'accueil avec ou sans rhum ? La réponse est unanime, collective et positive : avec bien sur ! C'te question...
    Nous consacrons l'après midi à une découverte du coin en kayak de mer. Les degrés de maitrise et de compétence dans la manœuvre dont divers mais notre flottille a fière allure alors que nous traversons les mangroves avec le professionnalisme d'une unité de service spéciaux. La ressemblance s'arrête au fait que nous nous abstenons de bruler quelque paillotte et rentrons pour prendre l'apéro. La vie est une question de priorités.
    Commence ce soir-là une longue série de verres que nous nous obstinerons à appeler Caipirinha même s'il s'agit en réalité de CRS. En effet, c'est bien avec du rhum et non de la cachaça que nos verres sont préparés. Or, si je ne suis pas raciste, j'aime la précision éthylique. Je rappelle que la cachaça est distillée à 40° direct et conditionnée telle quelle alors que le rhum est distillé à 65-75° (voire 90° à Mada), vieilli en foudres de chêne puis ramené aux degrés souhaités par addition d'eau de source. C'est comme ça : il y a certains trucs sur lesquels je ne suis pas prête à transiger.
    Une fois l'apéro bu, nous prenons l'apéro (bis repetita placent...) puis passons à table pour faire honneur aux petits plats de Pompon – dont l'état civil officiel est resté un mystère – et les accompagner de notre nouveau vin fétiche, le Versus, un petit rouge étonnamment servi froid, légèrement fourbe sur le degrés  mais globalement bien sympathique. Le patron  commet l'erreur de nous proposer du rhum arrangé en digestif et nous en tombons deux bouteilles avant de rejoindre Party Central, près de nos quartiers. Tout le personnel est allé se coucher et nous nous chargeons donc d'éteindre les lumières du restau avant de le quitter, non sans avoir embarqué quelques citrons verts et autant de verres. Nous avons en effet prévu quelques bouteilles de rhum de notre coté et nous ne voudrions pas qu'elles se sentent seules. Bilan de l'after : une bouteille décédée et une autre grièvement entamée. Nous décrétons que cette soirée de retrouvailles est une réussite et allons nous coucher.
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    Jour 2 :
    Les levers sont étalés sur une tranche horaire allant de six à onze heures. Le ciel est légèrement couvert mais, comme le disait Kennedy à Luther King : « il ne faut pas se laisser abattre ».  D'ailleurs, les renforts arrivent en les personnes de Fanny et Jean. La tension est à son comble lorsque le cocktail d'accueil leur est proposé mais nous sommes rassérénés par leur réponse au dilemme qui leur est posé. Ils sont des nôtres. Ils ont bu leur verre comme les autres. Bonne réponse, vous pouvez rester. La tension descend d'un cran.
    Nous prenons donc notre petit déjeuner et assistons avec circonspection et inquiétude, à la mise en place du buffet. Notre camp de base est en effet connu pour ses buffets dominicaux qui attire toute la jeunesse dorée malgache et, de manière moins heureuse, une population de vazaha installés à Madagascar avec des « épouses » de la moitié de leur âge.  Cette foule hétéroclite vient profiter du cadre et de la bonne cuisine et boire des verres au son de / en dépit de l'orchestre du coin (rebaptisé le Sakatia Big Bang) dont les performances musicales sont inversement proportionnelles à leur alcoolémie, elle-même étroitement corrélée à l'heure. Nous décidons de fuir ce massacre, non sans avoir mendié deux bananes pour le déjeuner de Chantal qui boycotte le buffet. Le chanteur du groupe commence une série de chants solo pendant que son orchestre se désaltère. Lorsqu'il attaque Bob Marley (le terme n'a jamais été aussi bien choisi), nous battons en retraite. Notre fortitude a des limites.
    Gaël et Alain choisissent l'option kayak tandis que deux équipages se lancent en Hobie. Chantal, Philippe et moi d'un coté et Fanny et Jean de l'autre. Deux HC18 à mettre à l'eau sous le regards amusé et légèrement halluciné de la population locale.
    Je renoue avec la tradition qui exige qu'il y ait baignade le premier jour en me foutant à l'eau toute seule comme une grande. Suite au blocage de came du safran du flotteur sous le vent, j'ai en effet voulu faire une intervention et, ne sentant pas ma force, m'élance avec un peu trop d'inertie sur le trampoline. Je réalise alors qu'à la différence des 16, il n'y a pas de plein d'appui pour m'arrêter et finis donc ma course dans l'eau, les bras autour du flotteur et refusant de lâcher le bateau. La situation est fort bien résumée par Fanny dont le bateau nous dépasse (« Tiens, elle est dans l'eau »), Philippe évalue la gravité des circonstances, envisage de me finir à coup de pagaie mais il finit quand même par pousser la barre et choquer, ayant réalisé que contrairement à une légende populaire, je ne suis pas en fait un superhéros et je ne peux donc pas remonter en marche à la seule force de mes petits bras. Forts de cette première cascade, nous nous lancerons dans quelques manœuvres assez osées et plus ou moins maitrisée. Nous rentrons bientôt, désireux d'éviter la pétole qui accompagne les couchers de soleil tropicaux mais il nous faut bien dix minutes pour réaliser que nous nous sommes trompés de crique. Un petit coup de rame plus tard, nous sommes sortis de la dévente et rejoignons nos pénates, l'air détaché, comme si rien ne s'était passé. 
    Après de nécessaires ablutions, nous nous rendons comme requis par la tradition au Party Central pour un premier apéro, suivi bien sur de son petit frère au bar du restaurant. Pendant le diner, nous réalisons avec horreur que nous n'allons pas tenir la semaine avec nos provisions (il reste une bouteille de rhum blanc, une demi de rhum arrangé, un whisky et un pastis). Nous fomentons donc un complot et prévoyons une mission vers Hellville pour le lendemain. La liste des commissions : du rhum, de la cassonade, des cahouètes et un déo (...). Rassurés par une solution prochaine à nos craintes de pénurie, nous buvons derechef notre traditionnel Versus et nous retrouvons sur la terrasse, histoire d'être surs qu'on épuise bien les stocks existants.
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    Jour 3 :
    Lever tôt pour changer. J'attends quand même  le dernier moment pour réveiller les membres du commando Dzama. A ma grande surprise, les réactions sont plus ou moins immédiates et nous sommes prêtes à l'heure convenue pour notre traversée. Le bateau n'est pas prêt, lui, mais il faut savoir ne pas être trop regardant. Notre première étape à Hellville est le marché que nous traversons avec l'air serein, comme si c'était notre marche habituel du samedi matin. L'expérience est visuellement impressionnante, émotionnellement touchante et... physiquement envahissante. En bonnes européennes, nous ne sommes pas habituées à être si près des gens (à tous les sens du terme) ni à toucher de la sorte des gens que nous ne connaissons pas. On peut apprendre beaucoup sur une culture en traversant un marché. Ici les gens n'ont pas peur du contact avec les autres mais ils gardent un grand respect (une distance ?) , a fortiori vis-à-vis des Vazaha. Globalement, c'est une expérience qui pousse à l'humilité quand on prend conscience, entre autres, des conditions d'hygiène dans certains coins – disons que la chaine du froid est un concept très abstrait.
    Nos courses faites, nous rentrons vers le Chanty Beach pour y prendre le bateau. Sur la plage, nous rencontrons Elisabeth et Xavier, qui contrairement à une idée largement répandue, ne sont absolument pas un couple. La concomitance de leur arrivée est en fait une coïncidence. Ils passent eux aussi haut la main le fameux « test du rhum ». Nous suivons avec attention le briefing de Marco sur notre itinéraire et l'énumération des différents bivouacs puis le groupe, enfin au grand complet, peut commencer à prendre ses marques lors d'une navigation autour de Sakatia. J'en profite même pour prendre la première leçon de voile de ma vie puisque je navigue sur le Formula avec Marco. Une occasion de découvrir des trucs totalement fous comme la sortie au trap' quand on est à la barre. Bonheur... Pendant qu'il juge avec l'œil de l'expert la qualité des différents équipages, je joue donc à l'oiseau barreur et arbore un grand sourire, certes pas totalement inhabituel mais clairement plus marqué qu'à l'habitude. A notre retour à la base, après quelques réparations à droite à gauche, nous allons passer nos habits de lumière pour cette dernière soirée terrestre.
    Rhum, versus et re-rhum coulent à flot et viennent lubrifier les rouages bien lancés de l'intégration des petits nouveaux. Se forme alors un bon esprit de groupe avec un beau collectif, un vrai engagement physique, une belle générosité de jeu et une solidarité dans l'effort qui n'auraient pas fait rougir M. Laporte. Entre autres, Gael nous réjouit d'une démonstration théorique et mimée de l'envoi de spi. Indescriptible. Chacun rejoint ses pénates avec les neurones anesthésiées mais un sourire aux lèvres. Ça va être bien.
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    Jour 4 :
    Au bout d'un moment, faut quand même commencer à faire ce pour quoi on est venu (c'est-à-dire porter des bateaux et des sacs, manger par terre en se faisant bouffer par les moustiques et les mocafohy et boire du rhum chaud dans des gobelets en alu à la lueur d'une lampe à gaz chuitante). Le chargement du bateau est assez comique car la chaine s'interrompt soudain et il ne se trouve à peu près que Jean et moi-même pour faire passer les poulets.  La raison est peut être qu'il est difficile de trouver de la glace à Mada et que pour  garantir leur fraicheur à la consommation, lesdits poulets sont en fait vivants. Une fois le teufteuf chargé, nous nous lançons à l'assaut des 36 miles qui nous séparent de la Baie des Russes. Corinne rejoint Marco et moi sur le Formula et c'est parti ! En dépit d'un vent molasson (qui tente de se rattraper sur la fin), la navigation fait bien plaisir et est entre autre l''occasion d'une belle démonstration de mauvaise foi de la part de Marco. Après deux heures de monologue sur les mérite comparés de Mada et la Sierra Léone puis l'exposé de ses impressions dans le débat Afrique vs Asie., en passant par le descriptif circonstancié des cas sociaux les plus revêches qu'il a connu en 20 ans de guidage, il explique aux autres équipages que nous sommes bavardes et qu'il a « radio lavoir en stéréo ». L'époisse qui dit au kiri « tu pues »...
    Nous reprenons nos marques pour vider le matos du teufteuf et tout poser sur la plage puis, après longue hésitation et multiples changements d'avis, nous montons le camp sur une base 50% sur les trampo, 50% sur le sable. Mao, Mika et Tso Tso nous régalent d'un diner à base de crabes et langoustes. Dans la vie, il est important d'apprécier les plaisir simples...
    C'est aussi le début de la tradition qui veut qu'Alain, Fanny et moi soyons les derniers couchés. Le terme ne s'applique d'ailleurs pas vraiment puisqu'à la suite d'une urgence sanitaire dans le groupe et fidèle à ma vocation de Saint-Bernard, je finis la nuit en mode « veille médicale » à surveiller le passage éventuel de sangliers sur une plage où j'ai précédemment fait s'allonger les victimes de la Savarine hors repas. J'y monte donc la garde en m'exclamant avec cet enthousiasme qui me caractérise à chaque fois que passe une étoile filante. A cinq heures, je sonne la retraite stratégique en tente. A six, je décide de me lever...
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    Jour 5 :   
    Début de journée en fanfare avec la démonstration par Marco de la manœuvre d'envoi de spi. Nous sommes tous goguenards suite à celle de Gael et explosons carrément quand Marco explique que la voile doit être gonflée « comme un soutif » Je m'enquiers de savoir que l bonnet mais n'obtiens pas de réponse. A postériori, je crois que la réponse est un bon C ou un petit D. Puis c'est le faux départ pour cause de déhookage de GV pour le formula et de fracture de la barre de liaison pour Jean et Fanny. Les réparations faites, nous repartons, plein de motivation mais victime d'un vent trop léger.  Nous longeons malgré tout une cote superbe, faussement déserte comme c'est souvent le cas à Mada et qui nous donne déjà les idées les plus folles sur le thème « On rentre pas à Paris on s'installe ici. » Notre arrivée à Martoum est haute en couleur, en particulier pour l'équipage du Las Baleinas qui nous offre un freestyle du plus bel effet pendant que Xavier et Elizabeth battent le record du monde de sprint avec cata.  Le record ne pourra hélas pas être homologué faute de la présence d'un juge assermenté à cet effet.
    Notre traditionnelle séance de musculation-portage terminée, nous allons « visiter » le village  (une conurbation de 400 habitants avec toutes les commodités modernes y compris un vidéo club) puis nous explorons l'autre coté de la plage jusqu'à une mangrove de fort bon aloi mais infestée d'insectes piqueurs hyperactifs (huit piqures en 2 orteils, qui dit mieux ?) Nous jouons aussi à ramasser des coquillages en tout genre. A notre retour, nous remarquons, non sans inquiétude, que la zone qui nous a été indiquée par Marco comme étant les toilettes (ou en tout cas le bosquet réservé à cet effet) se trouve être inaccessible à marée haute. Cependant, nous sommes apaisés dans notre anxiété : le rhum et le versus sont décidément la réponse à tous les problèmes.
    L'after est écourtée par l'arrivée impromptue et très naturelle de nos marins-pêcheurs-cuisiniers qui sont allés en ville taquiner la belette et y ont cueilli les roses de la vie façon « ne vous fatiguez pas à faire le papier cadeau, c'est pour consommer tout de suite. » Ils nous saluent fort courtoisement avant de rentrer dans les tentes avec leur charmante compagnie. A quatre dans une tente Décathlon pour 2, leurs activités sont un peu à l'étroit. Aussi nous éloignons nous, un peu gênés, avec la discrétion  et la courtoisie qui nous caractérise...
    Le lendemain matin, alors que le camp dort (sauf l'insomniaque résidente...), ces dames empruntent le chemin retour pour rentrer au village et me gratifient d'un petit coucou alors que je fais mon possible pour ne pas avoir les yeux qui sortent de ma tête façon Tex Avery.
    <o:p> </o:p>Jour 6:  
    « Alors aujourd'hui je vous préviens. Ceux qui me suivent pas, y sont mort. Vous lancez le spi quand je le lance et vous affalez quand j'affale. » C'est sur cette base peu engageante mais qui a le mérite de la limpidité que Marco nous briefe sur la navigation du jour. Fanny, déjà traumatisée par les jours précédents où elle a essuyé des salves d'information à haut volume sonore, anticipe avec horreur les évènements à venir et reste prostrée un moment pendant qu'Alain et Chantal décident de naviguer ensemble, faisant ainsi des infidélités à leurs partenaires de navigation respectifs. 
    L'occasion pour Philippe de faire des cascades avec notre Rodriguez résident puisqu'il réalise avec Gaël une figure tout en cambré-volé qui reçoit les félicitation du jury de l'équipage du Formula qui décerne un 5.5 en technique mais 6.0 en artistique. Le demi point de technique sanctionne la perte d'une casquette avantageusement remplacée par un bandana orange qui vient compléter le total look mandarine de Philippe. Chantal n'est pas en reste pendant sa navigation avec Alain. En particulier, ils visualisent de près le 4ème frère (un joli pain de sucre). A dire vrai, ils le voient à une distance raisonnable mais Marco ayant une tendance légère à la dramatisation (euphémisme de la semaine) , les équipières du Formula assistent à la scène avec une certaine tension. Heureusement, Jean détend tout le monde en nous expliquant que s'il crie sur Fanny pendant les manœuvres, c'est parce qu'elle ne parle pas assez fort. Un représentant de la Fédération Internationale de la Mauvaise Foi arrive à la nage pour délivrer à Jean son titre de champion du monde.
    Après toutes ces émotions, le mollissement du vent est presque bienvenu et les arrivées se font en ordre assez dispersé sur une plage superbe où nous accueille un chef de village tout en déférence et en amabilité. Il propose même la vente d'u terrain alentour. A méditer.
    Je m'amuse un bon moment  avec un atelier base ball tropical improvisé à base de bébé noix de coco et d'un bâton trouvé dans le coin tandis que le reste du groupe se repose à l'ombre. En bonne osthéo, Fanny prend en charge le dos d'Alain et le plie et le déplie jusqu'à ce qu'il ne soit plus froissé. Il dinera quand même en grande partie debout. Je l'ai toujours dit que le sport était mauvais pour la santé.
    Nos amis malgaches nous régalent une fois de plus et  nous continuons nos libations à peine interrompues par le presque décès d'Elisabeth qui avale de travers une cahouète et  est sauvée de la fausse route et d'une mort certaine par Chantal qui réalise une manœuvre de Heimlich (Note : cette anecdote est décrite sur la base des information fournies par leurs protagonistes présumées puisque je m'étais à ce moment là éloignée de la « salle à manger » pour récupérer un snap light et ma frontale).  Le coucher se fait graduellement et les trois couche-tard rendent les armes après une tentative d'observation des étoiles filantes gâchée par le passage d'un nuage inopiné.
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    Jour 7:  
    Au risque de laisser ce résumé tomber dans le scatologique, mes responsabilités de chroniqueuse du groupe m'imposent de raconter le comique d'une saynète assez comique qui s'est jouée près de mon habitation, située ce jour-là en bordure de campement. Madagascar se caractérise par le grand nombre de fadys (c'est à dire tabous) qui y règnent. Si certains sont généraux, certains sont très localisés et très spécifiques. En l'occurrence, à Khisman, il est tabou de faire ses besoins naturels ailleurs que dans la mer. C'est ainsi que j'ai vu défiler devant moi les membres de notre groupe qui rentraient, la mine défaite, de leur passage aux toilettes qu'ils m'annonçaient (sans que j'aie particulièrement posé la question) comme ayant été infructueux. Les limites de notre éducation d'hommes modernes sans doute.
    Nous quittons Khisman, toujours, dans la pétole et nous retrouvons au remorquage au bout de quelques minutes. Une occasion de bronzer et / ou dormir  pour les plus fatigués. Les plus hyperactifs d'entre nous gèrent comme il peuvent ces 2h30 d'inactivité forcée. Juste au moment où j'envisage l'autodécapitation au coupe ongle, Marco annonce le décrochage des bateaux et nous naviguons lentement mais sainement vers Tanikely, l'ilot – réserve sous marine. plus tard, Au bout de quelques temps, Après un rapide déjeuner, nous rejoignons le phare (hors service) qui trône au milieu de l'ilot où la vue spectaculaire nous fait oublier l'absence de lémuriens. Les plus vertigeux sont réjouis de la grande qualité des marches qui mènent en haut du phare et qui n'attendent qu'une demande polie pour se desceller. A ma grande déception, le Père Fourras  n'est pas présent en haut de la vigie. Nous redescendons pour profiter du temps imparti pour faire un peu de snorkeling avec un enthousiasme variable. Assez rapidement nous croisons une tortue de mer qui réjouit tout le monde et donne le signal du retour pour la majeure partie du groupe. Nous repartons à l'heure dite pour une jolie navigation, le vent s'étant levé et offrant de quoi se faire plaisir. Mêmes les bretons qui en ont vu d'autre ont l'air réjoui.
    L'arrivée à Nossi Komba est un bonheur en dépit des blocs de granit qui jonchent l'embouchure du port en attente d'être acheminés vers Nossi Be. Nous faisons un peu figure d'envahisseurs avec nos bateaux et tout notre matos et avons tôt fait de déloger les rares touristes du coin. Une fois les tentes montées, je suis traquenardisée par Xavier qui, sous couvert de faire plaisir à un gamin me place dans une situation délicate dont je ne peux me sortir qu'après 45 minutes à prendre des photos des enfants du cru et les leur montrer. C'est donc avec un léger retard que Elisabeth, Fanny, Xavier et moi rejoignons le groupe maillot jaune qui est déjà installé, ablutions faites, à la terrasse de chez Yolande pour un apéritif à la THB.
    Une fois de plus ce dernier est suivi d'un diner qui traine un peu en longueur. Les trois couche tard tentent de convaincre le reste du groupe de regarder les étoiles filantes mais l'effectif s'amenuise rapidement, sans doute en prévision de la grosse journée à venir.
     
    Jour 8:  
    Lever de soleil incroyable. Certains des raiders passent la tête  et regardent, contemplatifs et silencieux. On se salue de la main à quelques mètres de distance. Il y a des moments où il faut savoir se taire et cet instant-là en est un.
    La majorité du groupe part en balade dans l'intérieur de l'ile, histoire de visiter. La route est accidentée comme souvent dans ces cas là et le rythme soutenu. Comme nous sommes une bande de bras cassés (ou en tout cas genoux cassés), nous nous inquiétons un peu quand nous abordons une descente lisse comme un cul de bébé avec peu ou pas de points de rattrapage manuel. Mais nous prévalons et profitons de points de vue exceptionnels et d'une grande variété de paysages, assez inattendu pour une ile en réalité assez petite. Il est dommage de ne consacrer que si peu de temps à une balade qui mériterait plus de temps pour être mieux appréciée.
    Nous arrivons à nouveau au port où nous rejoignons Chantal, Philippe et Gaël, attablés et sereins chez Yolande. A les entendre, ils auront l'occasion de découvrir l'intérieur des terres à loisir puisqu'ils sont en train de développer le business plan de leur futur restaurant. Curieusement, chaque groupe est convaincu d'avoir mieux profité du moment que l'autre et c'est très bien comme ça. Nous réalisons une session shopping qui tient plus du blitzkrieg que de la visite raisonnée et successive de commerçants puis nous repartons à la mi journée pour notre dernière navigation.
    Le vent monte peu à peu et est suffisamment fort pour permettre des sorties au double trap'. Grand moment à peine perturbé par les interjections rageuses de Marco, très déçu par notre jeu de voiles et assez vexé de se faire dépasser, en particulier par Elisabeth et Xavier, très à l'air dans leur rôle de lièvre officieux. Les garçons sont goguenard car il font plus de cap que le formula mais ils sont trahis par le matériel puisque le chariot rend l'âme. Juste dernière nous Chantal et Philippe ont une grande classe, tous deux au trapèze avec leurs bandana coordonnés aux couleurs des tic tac orange – citron vert. Jean n'ose pas tenter le double trap et joue la sécurité , clairement préférable vu le niveau de fatigue général. Il n'en reste pas moins que  cette navigation est, comme fort bien résumé par Fanny, « un grand plein d'émotions ».  Nous arrivons à Sakatia ravis mais déjà un peu tristes. Nous revenons à terre et à la réalité : chaque seconde nous rapproche de la fin. Du coup, nous profitons de chaque instant et nous assurons de ne pas rater cette dernière soirée. Rhum et Versus sont à nouveau convoqués pour accompagner nos interminables discussions. Notre dingologue résidente donne quelques bribes de ses analyses, nous réfléchissons aux prochaines étapes et prenons rendez-vous pour prolonger un peu la magie. Nous échangeons nos adresses email et nous promettons de prochaines retrouvailles. Nous sommes comme des enfants qui rentrent de colonie de vacance et qui n'arrivent pas à se séparer.
    Dans mon univers à moi, lorsque les enfants cachés au fond des adultes se réveillent et reprennent le dessus, c'est qu'ils viennent de vivre quelque chose de rare et de pur. Je me dis aussi qu'il ne faut pas être triste parce que ça va s'arrêter. C'est toujours ça de pris et autant de bonheur qui aurait pu nous passer à coté.  Nous savourons dans l'urgence, conscients à la fois de la fin qui approche et de la beauté du moment.
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    Jour 9 :
    Je ne décrirai pas le dernier jour en détail. Il est trop empreint de préoccupations logistiques navrantes et de soucis pratiques tristement terre à terre. L'ambiance est morne. Le raid termine et les effets commencent à s'estomper. Alors que nous sommes en phase de redescente, le manque s'installe déjà. D'un coup, alors que la réalité reprend ses droits, nous ressentons tout : la fatigue, le mal au dos, les effets pervers du Lariam. D'un coup, trop tôt, c'est l'heure de partir avec la navette pour rejoindre l'aéroport. Le début de la fin pour de vrai pour Xavier et moi qui prenons le même vol... Je rate mes « au revoir » comme je le fais souvent quand j'ai l'impression de ne pas vraiment partir et que j'ai la conviction que ce n'est pas un départ mais seulement une suspension de séance. Les raideurs s'alignent sur la plage pour nous dire au revoir.  Ils sont tous cote à cote mais chacun a l'air un peu esseulé dans un mini cafard – coup de barre.
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    Synthèse. Nous avons longuement débattu des mérites respectifs du raid aux Seychelles et de celui de Mada. Ma réponse est cohérente avec le reste du groupe mais pour d'autre réponse. Pour moi les Seychelles nous ont touché aux tripes parce que c'était notre premier raid et elles garderont le privilège de la nouveauté et de l'exclusivité. Ce ne sera plus jamais la première fois que je bivouaque sur mon cata. Il y aura toujours quelque chose de séminal dans le raid des Seychelles. En revanche, le raid de Mada nous a pris au cœur. Nous avons aimé parce que nous avons jugé et choisi d'aimer. Nous avions une base de comparaison et nous savons pourquoi nous avons aimé. Accessoirement, dans mon cas, j'ai mieux profité.
    J'ai moins ressenti le besoin d'avoir les yeux grands ouverts et de tout absorber et j'ai eu plus de temps pour avoir le cœur grand ouvert, le sourire au bord des lèvres et parfois aussi les larmes au bord des yeux. Les cyniques peuvent ce moquer de cet instant de lyrisme. Que celui qui n'a jamais revécu des instants avec émotion me jette la première pierre. Ou plutôt qu'il se fasse connaitre parce que c'est vraiment triste pour lui.
    Il ne faut pas passer à coté de moments exceptionnels comme ceux-là. Il ne faut pas non plus oublier que la vie est belle.

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  • Madagascar. Le nom m'avait toujours plu et l'idée d'une destination lointaine et peu explorée était attirante. J'ai passé pas mal de temps à préparer mon itinéraire et mon sac jusqu'au moment où j'ai réalisé : il s'agit d'un voyage auquel on ne peut pas être préparé. Les gens résistent à la catégorisation, les aléas défient l'organisation logistique la plus stricte, les paysages sont inclassables. C'est un endroit que l'on ne peut pas standardiser. Amoureux des petites cases à cocher s'abstenir. Les autres peuvent me suivre.

    Les photos sont distribuées comme suit:
    Album nature, faune et flore: http://www.blogg.org/blog-37695-album-19783.html 
    Album "Gens et vie quotidienne":
    http://www.blogg.org/blog-37695-album-19795.html
    Album portraits: http://www.blogg.org/blog-37695-album-19821.html
    Albums paysages: http://www.blogg.org/blog-37695-album-19828.html
    Album insolite: http://www.blogg.org/blog-37695-album-19847.html

    Résumé plus ou moins chronologique:
    Le premier jour à Tana a été un peu dense parce que la ville est très animée et la pauvreté y est très présente. Surtout lorsqu'on est dans mon cas, c'est-à-dire qu'on s'y ballade seule et qu'on se trouve enchainer une double nuit blanche. Le sommeil manquant accroit la paranoïa déjà bien en place suite aux conseils variés des guides, forums et amis. Je les croyais sévères mais il faut reconnaitre que c'est vrai : on est harcelé par les mendiants (les vrais comme les faux), on ne se sent pas en sécurité, on n'ose pas sortir d'appareil photo et on finit par marcher sans s'arrêter pour se sentir moins exposé. Une proie en quelque sorte...
    Plus grave, c'est un rappel assez rude de la réalité du pays. « Sa population de près de 18 millions d'habitants, est très répartie sur le territoire et a une moyenne d'âge de 24 ans. 78% des malgaches vivent en dessous du seuil de pauvreté. » (
    http://www.madafuturs.org/). Pire, c'est un excellent rappel de mon inutilité individuelle : je n'aurai jamais assez de pain à donner aux gamins et aux petits vieux, même s'il est difficile de dire « non » avec fermeté et conviction.
    Le lendemain un peu difficile parce que j'avais oublié que la malarone ingérée seule et sans nourriture  (ce que j'ai fait à Orly) avait tendance à vous bousiller le tube digestif. Dommage. Je crois que le prochain coup, je m'en rappellerai. Il est cinq heures du matin et je suis supposée prendre un vol pour Diégo Suarez. En pratique, je manque de vomir sur l'agent du comptoir d'enregistrement et finis par m'attirer la pitié de la dame pipi de l'aéroport. Ce n'est jamais bon signe quand on attire la pitié de quelqu'un qui doit faire vivre une famille avec environ 16 euros par mois mais c'est un juste retour des choses après ma visite un peu condescendante et toute occidentale de Tana la veille. Toujours est il que après presque deux heures à envisager très sérieusement les conséquences de mon décès potentiel dans les toilettes de l'aéroport, j'ai réussi à reprendre quelque forces et un coca salé plus tard, j'ai pu rejoindre la famille B. dans le nord.
    Le coin est assez très joli mais un peu handicapé par le vent très soutenu. Disons que d'un point de vue aérien, c'est assez sportif, en particulier lorsqu'on passe au dessus d'une saline juste avant l'atterrissage. Disons que je n'ai vraiment stressé que lorsque j'ai vu le steward se signer. Mais il faut rappeler que j'étais déjà sub-claquante donc assez étanche à tout ce qui m'arrivait. Le vent qui y règne et rend assez impossible toute excursion maritime (en dépit de nos plans initiaux). Nous faisons malgré tout une très jolie ballade de Ramena à la baie de Sakalava. Nous passons un moment inoubliable en compagnie de nos jeunes guides qui se sont prises de passion pour la jeune Alice et rivalisent de chants en son honneur et se font fort de la porter (façon malgache) durant toute la longue marche.
    Toujours dans le coin de Diégo Suarez, j'ai fait une excursion dans la réserve de l'Ankarana pour voir des lémuriens, des grottes et surtout des tsingy. Ce sont des sortes de curieuses formations dans le calcaire lentement buriné par l'eau de pluie. C'est assez spectaculaire, on dirait les photos des surfaces regardées avec un microscope à électron. Une autre façon d'imaginer est de penser à de que Van Gogh aurait fait s'il avait voulu faire de la sculpture à grande échelle. Bref, c'est beau.
    Autres grands moments de l'expédition:
    *la nuit en bungalow simple dans la foret (attention aux scorpions dans les chaussures),
    *les milliards d'étoiles dans le ciel (vu que les seules lumières du coin sont des bougies, on les voit bien)
    *une vraie expérience du néant lorsque au cours de notre visite des grottes (où se sont réfugié des populations à des époques de guerre civile) nous éteignons tous les trois (Estelle, le guide et moi) nos lampes de poche. Silence absolu, noir total. Privée ainsi de mes sens et de la conscience de mon corps, j'ai l'impression de n'exister plus qu'en tant qu'esprit. Enfin, c'est peut être juste moi. Faudrait que j'en parle à une dingologue.
    Dernier élément à signaler sur Diégo Suarez (il est vrai dans tout le pays mais Diégo est le premier endroit où j'ai le triste loisir de l'observer) : la présence nombreuse de « snipers » comme les nomment Nico et Mich'. C'est-à-dire des européens de 40 à 60 ans, pas particulièrement bien faits de leurs personnes, qui viennent passer du temps à Madagascar et se procurent la compagnie qui leur manque probablement à la maison, en arborant à leur bras des petites minettes malgaches à l'âge indéfinissable. Je passe sur mon jugement sur la chose (il est impossible de ne pas juger ces scènes-là et leurs protagonistes), disons que c'est un bon rappel de la condition humaine et la pauvreté de chacune des parties de cet arrangement sordide. C'est aussi une bonne préparation à une phrase que j'entendrai par trop souvent de la part de quasi tous les vazaha installés à Madagascar et qui s'effaçant pour laisser passer une jolie jeune femme de la moitié de leur âge me diront « Je vous présente mon épouse ».
    Nous sommes repartis sur Tana le dimanche avec un vol (forcément retardé parce qu'il n'existe que ca ici de toute façon). Là ca a été assez pratique parce qu'on s'était fait un pote à Diégo, un expat qui vit à Tana et qui nous a prêté sa maison à Tana pour qu'on y passe la nuit. En plus, il nous a filé les coordonnées d'un pote à lui qui fait chauffeur. Nous sommes donc partis visiter la cote est en 4x4 avec notre chauffeur à nous, ce qui est autrement plus confortable et plus flexible que le taxi brousse. Plus compatible avec la présence d'une petite de 2 ans, aussi... Le trajet a été de toute beauté. Je me suis régalée, comme à mon habitude, de regarder la vie des gens qui se fait toujours le long des routes. Ils y proposent au choix des paniers de fruits, régimes de bananes, poulets vivants, crevettes bouillies, anguilles fraiches et noix de coco.
    Une belle leçon d'humilité aussi quand on voit les gosses de 5 ans qui s'occupent du petit frère de 6 mois et, plus généralement, la simplicité plus que spartiate des conditions de vie. Rien à voir avec la misère pouilleuse de certains coins de Tana. Ces gens ont de quoi manger parce que le coin est fertile mais ils sont probablement peu conscient des dernières activités de Paris Hilton...
    Nous avons passé une nuit à Andasibe (près d'un parc que nous n'avons pas visité pour cause de grosse pluie), un village qui fait très western où Alice est devenue une star (je ne pense pas que les gosses aient souvent vu un bébé blanc avant...). Nous avons aussi passé du temps à Tamatave, ville martyre des ouragans et de la corruption. L'endroit a le double problème d'être en première ligne pour els ouragans (ville inondée, route défoncée et centre ville massacré) et d'avoir eu pour maire le neveu de l'ancien président qui a donc détourné pendant huit ans les fonds qui auraient permis de réparer les dégâts. Une autre réalité de Madagascar : rien n'y est simple et même quand l'argent est mis à disposition pour un projet, cela ne signifie pas forcément qu'il pourra être utilisé pour en bout de ligne.
    Nous passons une nuit à Foulpointe dans un très bel endroit dont nous profitons hélas peu pour cause de pluie tropicale très intense. Puis nous poussons jusqu'à Soanierana Ivongo pour déposer les B. au bateau qui doit les amener à Sainte Marie. C'est un peu la bousculade parce qu'il n'y a pas eu de bateau pendant deux jours pour cause de temps pourri. La « capitainerie » semble d'ailleurs mitigée sur l'idée de laisser partir celui de ce jour-là. C'est finalement le cas et le frêle esquif a affronté avec courage les flots démontés mais la description que j'ai eue du voyage « la traversée de la mort » laisse peu de place à l'imagination. Pour ma part je rentre à Tana. C'est le début de mes pérégrinations solitaires.
    Trafalgar et contretemps : la camarade de jeu qui devait me rejoindre est irrémédiablement coincée sur Paris et ne pourra plus venir. Je suis donc livrée à moi-même pour les dix jours à venir et la dangerosité de l'endroit s'en trouve accrue d'autant. Un moment je suis tentée d'annuler notre roadtrip vers le sud-ouest et d'aller me poser sur une plage avec mes congénères Vazaha. Heureusement, je prends le temps de la réflexion en allant visiter Ambohimanga (une des 12 collines sacrées de Tana). Le soir, je passe pas mal de temps à négocier avec le tour operateur qui devait nous emmener jusqu'a Tulear. Je dois lui faire comprendre qu'il n'y aura pas de trip ou alors une version modifiée et qui lui rapportera, bien sur, beaucoup moins d'argent. Il n'est pas content. Moi non plus mais je lui fais comprendre que ce point là ne fait hélas pas partie de la négociation. Nous nous mettons d'accord sur un itinéraire largement tronqué mais qui me donne déjà l'occasion de voir une partie de ce que j'avais planifié. Le reste sera remis à une autre fois.
    LE lendemain c'est le départ vers le Sud par la RN7. Déjeuner à Ambatolampy (où j'ai vu des gens fabriquer une marmite avec des cannettes de coca fondues qu'ils coulent dans un moule en sable tassé... le tout pieds nus...) Encore de la route jusqu'à Antsirabe, la capitale de la transformation de pierres précieuses et semi-précieuses. J'y a vu un atelier de travail des pierres semi précieuse et "industrielles" ce qui avait principalement l'intérêt de me montrer que je ne me souviens de rien de ce que je savais fut un temps. Me voilà officiellement vieille !
    Après Antsirabe, j'ai continué ma route vers Ranomafana, le village qui jouxte un parc national réputé pour sa faune et créé après la découverte il y a moins de 20 ans d'une nouvelle espèce de lémuriens. La route qui y mène est particulièrement belle et assez surprenante : nous sommes en moyenne altitude et les forets de pins la disputent aux rizières et aux bananiers. Un ensemble assez hétéroclite donc qui ressemble par moments à des alpages bien français et à d'autre au fin fond de l'Asie du sud est. Autre particularité, la population, clairement moins habituée à voir des touristes est à la fois moins blasée et moins cynique. C'est à dire que le Vazaha (l'étranger) n'est pas uniquement une occasion d'aller mendier. Il n'est pas non plus une source intarissable de cash qu'il s'agit de capter en offrant des prix largement enflées. Il s'agit plutôt d'une bête un peu curieuse qu'on tend à dévisager (ce qui n'est que justice vu que moi-même je les observe) et qu'on interpelle à grands cris pour lui dire bonjour et lui faire coucou de la main. Une gamine a par exemple décidé de m'accompagner pendant toute ma visite du patelin. Elle s'est emparée de ma main et ne l'a lâchée que lorsque je lui ai fait comprendre que je rentrais chez moi. A ma grande surprise, à aucun moment elle n'a demandé de bonbon, stylo ou même d'argent. Après Tana,c'est assez rafraîchissant...
    Pendant une journée, j'ai visité le parc avec des rencontre impromptues ( et d'autres parfois conquises de haute lutte) avec les animaux. Mon guide, Stéphane,  était super, très attentionné. Un vrai puis de science qui ne s'est pas seulement concentré sur les lémuriens mais m'a aussi enseigné les plantes médicinales et où trouver de la nourriture et de l'eau en foret. Me voila prête pour Koh Lanta. Le soir, visite nocturne, un tantinet moins authentique puisqu'on sent bien que les bestiaux ne se ramènent que parce qu'ils ont l'habitude d'être nourris à heure fixe à cet endroit. C'est quand même une occasion de voir d'autres espèces et de vivre la foret (en son dolby stéréo super THX) la nuit. Il y a plus de 30 espèces de grenouilles et chacune est décidée à se faire entendre donc c'est un peu la cacophonie...
    Le lendemain, il faut déjà repartir vers Tana. Nous dormons à Ambositra, capitale de l'artisanat. C'est assez frustrant en fait parce que si j'achète quoi que ce soit, je suis à peu près sure de le détruire avant d'arriver à la maison donc ça ne sert à rien... Dommage parce que c'est très beau (travail du bois en particulier).
    Je marche longuement dans al ville jusqu'à ce que je réalise que les voix que j'entends derrière moi sont toujours les mêmes. Je me retourne pour découvrir que quelques gamins ont entreprise de me suivre. Ils ne parlent pas français et je ne parle pas malgache mais je déclenche leur hilarité à la moindre occasion, que ce soit en m'arrêtant brusquement en criant « stop » et pointant du doigt ceux qui ont bougé ou en imitant la démarche des canards ou le beuglement du zébu. Je prends quelques photos et résiste tant bien que mal à la bousculade qui a systématiquement lieu lorsque je montre le résultat sur l'écran de l'appareil ce qui ne manque jamais de déclencher l'hystérie collective. Je continue la ballade quand soudain mon petit groupe s'arrête. Il y a là l'équivalent d'une classe et demi (référenciel Ecole des quartiers nord à Marseille). Le plus loquace m'explique que « village fini ». En pratique je ne vois pas la différence : il y a un terrain vague d'un coté et de l'autre la chaine des échoppes en tôle ondulée ne semble pas s'être interrompue mais il existe un faisceau de savoirs qui m'échappent et j'en ai conscience. Je salue donc mes jeunes amis et continue ma route. Le retour à Tana marque l'ouverture d'un autre chapitre : celui de vacances plus insouciantes mais moins « vraies » sur l'ile plus policée de Nosy Be. L'expérience va être très différente, je le sais.
    Nosy Be sera traité dans un autre post. Pour moi il s'agit d'un autre voyage, d'un autre pays peut être. Pour ce qui est de ce que j'ai vu sur la Grande Terre, je reconnais avoir fait le plein. Le plein de paysages et de couleurs, le plein de nature, le plein de sourires, le plein d'émotions diverses bonnes comme mauvaises. Le plein de questions aussi sur mes modes de fonctionnement, sur mes critères de jugement, sur mes convictions et mes principes. On ne sort pas indifférent de vingt jours à Madagascar, on n'en sort pas indemne non plus. On en revient les yeux ouverts plus grands. A tous les sens du terme.


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  • Destination: Cap Vert
    Catégorie: Itinérant / Rencontre
    Type: Randonnée / Sports nautiques



    Intermédiaire:Roots Travels http://www.rootstravel.com/



    Note Voyage: 5 / 5
    Note Intermédiaire: 4.5 / 5 (Précis, compétents, il vaut mieux appeler qu'emailer mais l'équipe connait son sujet...)



    Commentaires:
    Le Cap Vert . Personne n'y va encore trop et c'est là tout le charme. Peu de touristes, peu de circuits guidés, peu de vendeurs de souvenirs, de rabbatteurs, de pièges à touristes.



    Chaque ile a son identité, sa saveur. Du coup, on a l'impression de faire plein de voyages: Fogo la volcanique, Santiago l'africaine, Santo Antao la sauvage, Boavista la maritime, ...  Impossible de s'ennuyer, il y a quelque chose pour tout le monde et beaucoup de choses pour la plupart. 



    La population a le métissage dans la peau (au sens propre comme au figuré) et est prompte à ouvrir sa porte, venir discuter, venir partager... sans les effets secondaires que l'on peut subir dans certaines régions du monde (le célèbre "Viens voir mon magasin"). Ici, quand on vous invite à prendre le grogue (grosso modo une sorte de rhum), c'est vraiment par gentillesse et parce qu'on s'intéresse à vous.



    Clin d'oeil particulier pour Mossieu François Guy et son équipe (je reviendrai !) et son paradis sur terre pour tout voileux, pro ou débuitant. Allez donc voir son site: www.boavistawindclub.com et allez les voir sans complexes. Ces types là peuvent apprendre la planche à voile à un retraité aveugle (ils l'ont fait...) alors vous devriez vous en sortir.



     Si vous voulez parcourir le monde en un seul pays, vous faire plus de souvenir que vous ne pouvez en garder et profiter de sourires sans arrière-pensées, le Cap Vert c'est pour vous !


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  • C'est vraiment dur la vie d'artiste. Je ne dis pas ça parce que je me suis soudainement reconvertie en artiste (chose que je n'ai jamais cessé d'être) mais parce que ma vie s'assimile plus ces jours ci à celle d'une rock star en tournée qu'au quotidien plan plan de l'employée du mois. Après un été ponctué d'apparitions dans des lieux aussi divers que Milan, Pise, Florence, Paris, Aix en Provence et Le Havre (cherchez l'erreur...) J'ai fini par passer quelques jours chez mes grands parents en Corse, histoire de me ressourcer un peu. Mon plan de passer quelques jours au Liban étant tombé à l'eau (pas de commentaires, juste des pensées pour Maya, Sandra, Myriam, Muriel, Joseph, Roland, Nabhan et tous les autres), je me suis limitée à une semaine. Ayant passé de janvier à Mai en vacances ou quasi vacances, il aurait été exagéré de prétendre à plus.
    Cette semaine à Saint Florent a été l'occasion de deux prises de conscience. D'abord en assistant à l'anniversaire de mariage de mes grands-parents et en réalisant qu'ils ont été mariés pendant soixante ans soit plus de deux fois ma vie. Pour ma part j'ai déménagé dix fois sur les huit dernières années et je connais mon amie de plus longue date depuis onze ans seulement. Clairement, ma notion de stabilité et de long terme est à revoir. Ensuite en voyant toute cette famille réunie autour de mes grands parents, je vois à quelle vitesse le temps passe. Soudainement, j'ai l'impression que nous avons baptisé ma petite cousine il y a une semaine. Comment peut-elle avoir dix-neuf ans maintenant. D'un coup, ce n'est plus Audrey sur la balançoire mais son fils Raphael.
    Tout ça pour dire que, puisque ma vie d'artiste continue et que les dates de tournée se multiplient (cette semaine : Lucca et New York), je compte bien en profiter. Parce qu'avant que je m'en rende compte, une petite conne écrira un article profond dans son blog en disant qu'elle est impressionnée par la vitesse à laquelle j'ai vieilli !
    J'ai de la chance et je le sais. Alors je me dois d'en profiter et d'exploiter au maximum chacun de ces moments. Garder les yeux grands ouverts quand je vois mes grands parents, Raphaël, Alice, le monde, ... Tant que ça durera, je serai là pour en tirer le maximum. Je continuerai à faire des choses absurdes pour les gens normaux genre ne surtout pas dormir dans les avions pour mieux profiter du voyage, genre faire à pieds les 25 kilomètres du port de Bastia à la maison familiale. Juste pour profiter du paysage, de monde, de l'attente. Pour mieux savourer ce qui m'est donne et ne surtout pas le prendre pour acquis. Ne serait-ce que par respect et par gratitude.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Merci la vie.

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  • Enorme déception ce soir chez les français exilés à Londres qui n'ont jamais été aussi français que ce soir.
    Il ya aura d'autre Coupes du Monde de foot mais pas pour Zinédine Yazid Zidane. Et la déception est plus pour et par lui que pour la défaite dans son ensemble.



    Pour une footballeur qui a su montrer toute sa classe et qui a su prendre ses responsabilité, pour un individu héros malgré lui d'une génération des quartiers nords de Marseille et d'ailleurs, quel gâchis, quel dommage de terminer une carrière que tant lui envient sur un carton rouge mérité à la suite d'une faute indigne de lui.
    La France aurait-elle gagné avec lui ? Possible. Pas sur, cependant, que ce soit important. Ce soir ce n'est pas la défaite de la France contre l'Italie qui nous a tous renvoyés dans nos chaumières la larme à l'oeil et le drapeau en berne. C'est la défaite de la dignité et de l'élégance sur un geste petit et regrettable.



    Zidane restera un grand joueur et un individu dont je suis la première à reconnaitre les qualités mais cette grosse bétise que personne n'a vue venir restera comme une tache dans un palmarès que même les britanniques reconnaissent (ce qui est un signe !). Il ne faut pas oublier que la France lui doit beaucoup de beaux souvenirs, il y a huit ans et cette années et pour cela il aurait mérité une sortie plus à sa hauteur, même sur une défaite.



    Je poste malgré tout en galerie les photos de cette grande fète inachevée avec un petit clin d'oeil a Sira Diabba (comme notre numéro 18!!) et à Auguste.



    En dépit de la déceptions, deux remarques philosphiques à deux balles:
    1. il y a un mois, nous aurions signé des deux mains pour être en finale, alors estimons nous heureux d'y être arrivés.
    2. En cherchant desepérement à rentrer chez moi, je me suis retrouvée à marcher la plupart du chemin. J'y ai croisé les suspects habituels de la nuit des grandes villes: clochards, SDF et gamins fugueurs qui me rappellent que, toute déçue que je sois, il faut relativiser.
    Ce soir dans le monde, il y a plein de gens qui aimeraient que leur plus grand problème soit d'avoir perdu une finale de foot...



     



    Allez, quand même: merci Zidane.



     


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